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say you don't want it
LES GRANDES LIGNES, PRENEZ VOS REPERES

20 DECEMBRE 2006
❝Tu sais chérie, tu devrais m’écouter. J’suis sure que t’aurais de l’avenir. Suffit de te regarder. T’as vu comme t’es jolie ? Et puis t’as une de ces voix ! Tu devrais en profiter. Ouais ouais, je sais que t’es qu’au lycée, que t’es pas majeure. Mais ça sert à quoi d’attendre ? Il est temps de prendre ton destin en main, que t’arrêtes de chanter ce bar pourri. Je peux faire de toi une star. Allez chérie, tu sais que j’ai raison. ❞


9 OCTOBRE 2007
❝ Ecoute chérie, tu sais que je t’aime bien mais ce n’est pas ton rôle. Si je pouvais t’aider, je le ferais. Mais ce n’est pas si simple. T’es pas une putain de rockeuse, t’es une chanteuse de variétés. Tu sais qu’ils accepteront jamais ta chanson. Elle est trop désillusionnée, trop torturée. Ca marcherait pas avec ton public. Oh allez chérie, fais pas la gueule. T’es trop belle pour ça. Pourquoi tu t’énerves ? T’es parfaite comme ça. T’as toujours su ce qu’on te proposait, c’est pas comme si tu l’découvrais maintenant. On t’écrit des chansons pour midinettes et tu te sers de ta voix et de ta jolie figure pour en faire des tubes. Fais pas la tronche, j’aime pas quand t’es comme ça. Oh allez, qu’est-ce que tu croyais ? Qu’on allait tout t’accorder parce que c’est toi ? Au final, c’est même pas toi. Des filles comme toi, y en a des dizaines, t’as juste été chanceuse que ce soit tombé sur toi. Tu te souviens quand je t’ai dénichée au fond de ce bar miteux ? T’étais rien, juste une gamine paumée sans avenir. J’ai fait de toi une star. C’est grâce à moi tout ça. Sans moi, tu n’es rien. Regarde la vérité en face, on t’aime pour ce que tu sembles être, pas pour ce que tu es vraiment. Tu crois qu’ils auraient aimé la gosse au prénom de merde et aux sweats trop grands ? Moi j’te l’dis, c’est Lili Chance qu’ils aiment. C’est la fille au physique de poupée barbie et aux chansons de gamine qui les intéresse. Tu crois que la véritable toi, ils en ont quelque chose à faire ? Te fais pas d’illusions. T’es bonne dans ce que tu fais, c’est tout. Tu dois être belle et heureuse, tu dois leur inspirer la bonne humeur à ces gamines. Elles doivent vouloir te ressembler plus tard. Quoi, pourquoi tu dis qu’elles devraient pas ? Peut-être bien que tu chantes de la merde, que ta figure compte plus que ta voix et que tes paroles, que dans quelques années, on t’aura complètement oubliée et que tu ne seras plus rien, mais au moins tu auras connu la célébrité. T’es conne chérie, t’es même pas capable d’apprécier ce que t’as. Tu trouves ça normal, toi ? Tu devrais nous être reconnaissante et au lieu de ça, tu viens me faire profiter de ta mauvaise humeur. Quoi, comment ça je suis qu’un pauvre con qui comprend rien ? Hé ! Hé mais reviens chérie ! Reviens ! ❞


10 MARS 2008
❝ Ecoute chérie, t’es bien gentille de te ramener, là, comme ça, comme une fleur. Mais tu crois pas que t’exagères ? Ca fait une semaine ! Une semaine que j’ai pas eu une nouvelles, une semaine que tu réponds pas à ton téléphone. J’finissais par croire que t’avais claqué. Hé pourquoi t’écartes les bras avec un sourire ? Pour me montrer que t’es toujours là ? T’es sympa chérie mais on ne parle plus que de tes frasques. Tu crois que les gens veulent toujours bien que leurs gosses rêvent de devenir la fille qui se fait ramasser à moitié morte, complètement défoncée, dans les rues de New York ? Merde chérie, tu t’es regardée ? Tu fais peur à voir. Tu t’es pas entendue non plus. Qu’est-ce que t’as fait de ta jolie voix sucrée ? T’as la voix rauque d’avoir trop fumé. Tu sais que tu nous sers à rien comme ça. On ne va pas te payer à afficher ta belle gueule complètement saoule en première pages des magazines people. Ah oui j’oubliais, t’es même pas assez connue pour ça. Si tu l’étais, tu y aurais droit. Au lieu de ça, tu es juste une pathétique presque-inconnue qui détruit sa vie et toutes ses chances de percer véritablement un jour. Faut voir les choses en face, chérie. T’as merdé, plus personne te prend au sérieux. Enfin chérie, regarde-toi. Tu ne dois ton succès qu’à ta jolie frimousse et à tes jambes de mannequin. Tu fais bander les gars et les gamines rêvent d’être toi. Et maintenant, tu fais parler de toi dans le mauvais sens du terme parce qu’on t’a refusé tes chansons, ce qui est tout à fait légitime de notre part. On dirait une enfant pourrie-gâtée, une sale gosse capricieuse. Faut te faire une raison, chérie, tu fais plus le poids. On en trouvera d’autres comme toi, des midinettes qui te remplaceront pendant que tu te consumeras au milieu de nulle part en regardant ta célébrité se faner. La gloire n’est pas éternelle, chérie. Elle disparait bien plus vite qu’elle n’est apparue. Tu finiras toute seule parce que tu es une sale garce égocentrique et quand tu te penseras au moment où ta vie a basculé, tu te remémoreras cet instant et tu réaliseras que j’avais raison sur toute la ligne. ❞


4 JUIN 2011
❝ Marla parle, parle, parle. Le débit d’absurdités qui s’écoule de sa bouche ne diminue pas. J’en ai marre, je me roule une clope. Je sais même plus pourquoi je l’ai suivie. J’crois que c’est parce qu’elle a dit qu’elle m’aimait bien. J’aime bien les gens qui m’aiment, même si moi je les aime pas. On est d’accord c’est plutôt con mais je suis comme ça. Marla, elle dit que je l’amuse. Elle aime bien le flot de grossièreté qui sort de ma bouche quand je suis énervée, la moue boudeuse que j’affiche en permanence et mon sourire. Moi je m’en fous. Elle est plutôt canon, Marla, mais ça change rien. J’suis pas une fille comme ça, moi, j’suis pas une fille facile qui ne se préoccupe même pas du sexe de son partenaire. Bon d’accord, en vrai, j’suis une fille comme ça. J’sais pas pourquoi ça emmerde tant les puritains. Ca me rend pas plus heureuse mais ça me rend pas plus malheureuse non plus alors bah, pourquoi pas ? Disons que j’aime pas mettre des mots sur ce que j’suis. Je me définie par des actes, pas par ces abrutis d’adjectifs. Marla me regarde, elle sourit. Je crois que ça veut dire qu’elle a arrêté de parler et qu’elle attend une réponse. J’aime bien son sourire. Je lui dis et elle pique un far. Je lui dis qu’elle est jolie et me demande si c’est vrai avec un ton étonné. Je sais qu’elle sait que c’est vrai et elle sait que je sais qu’elle sait. Je me penche vers elle, je l’embrasse. Elle se laisse faire. Je sais que je lui plais. ❞


9 JUILLET 2011
❝ Ca fait un mois que j’ai quitté Marla. Elle a pleuré. Pas moi. J’en avais ras-le-bol de sa putain d’émotivité et de ses bavardages inutiles. Elle m’énervait. J’suis tranquille à fumer un pétard, assise dans un champ, au milieu de nulle part, avec un groupe de hippies que j’ai rencontré. Sam passe un bras autour de ma taille et je ne me dégage pas. Il est plutôt mignon, Sam. Il essaye de m’embrasser quand mon téléphone sonne. Il est gentil Sam, mais mon téléphone passe avant lui. Je décroche. C’est ma sœur, je tombe des nues. Qu’est-ce qu’elle me veut, je ne l’ai pas vue depuis que je me suis barrée de Columbia et je ne lui ai pas parlé depuis que je me suis fait virer. Elle me dit que je lui manque, je hausse les épaules sans réaliser qu’elle ne peut pas me voir. Sam me dit un truc drôle, je rigole. Elle le prend pour elle, elle commence à m’engueuler en disant que de toute façon, je suis encore défoncée et qu’il est temps que ça cesse. Elle me demande où je suis. Je vois pas à quoi ça lui sert de savoir ça alors je lui dis que je suis à Santa Rosa. Je suis en train de louper la fête, ça m’énerve. Je lui dis que je dois y aller et je raccroche. Comment est-ce que je suis supposée savoir qu’elle va débarquer dès demain pour me ramener de force chez elle ? ❞

Soul Harrison a écrit:

je plussoie le fou au fouet

C'est toi la folle.