♦ «Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent... ce qu’ils ont. Et personne ne peut y faire quelque chose »

Monsieur, Madame

Si vous recevez cette lettre c’est sans doute que ma fille est avec vous en ce moment. Vous ne pouvez sans doute pas comprendre ce que je viens de faire, abandonner son enfant est bien un acte cruel, inhumain et pourtant ça arrive encore. Mais comprenez moi, je n’ai que dix huit ans. Dix huit ans ! J’ai la vie devant moi et je ne me vois pas élever cet enfant seule. Son père ? Un homme d’une trentaine d’année que j’ai rencontré lors d’une soirée dans une autre ville. Il n’a jamais su que j’étais enceinte alors il sera sans doute choqué d’apprendre que je viens d’accoucher. Le temps que je le contacte et qu’il vienne élever sa fille je vous demander une chose. Peut importe qui que vous soyez, peut importe l’endroit où vous vivez, prenez soin de ma fille.

Amicalement T.

C’est le seul souvenir que je garde de ma mère. Une lettre. Une lettre qu’elle avait donné à l’infirmière à l’hôpital, cette dernière qui m’a remise à une famille qui souhaitait un enfant. Une belle famille. Ils m’ont appelé Déa en souvenir de ma mère qui s’appellait Théodora. Je n’ai jamais compris la logique. Enfin bref. J’ai vécu dans une grande maison sur la côté de San Diego jusqu’à mes trois ans et demi. Jusqu’à ce qu’un homme, grand brun, assez costaud ( genre Monsieur Propre ) débarque pour chambouler ma vie à tout jamais. C’était mon père, mon papa, celui qui m’a prit sous son aile au départ de ma mère. A l’époque je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, mais bien plus tard j’ai apprit énormément de chose. J’ai donc déménagé, mon père avait prit un petit appartement en centre ville. Depuis mon plus jeune âge j’ai apprit à ne jamais évoquer le nom de ma mère, ni même le mot « maman ». C’était banni mon père en avait décidé ainsi. Il n’avait pas demandé d’avoir un enfant et pourtant il a toujours été très attentionné. Il m’emmenait tout le temps au parc, on allait souvent au parc, il me faisait faire mes devoirs. Il en a vécu des choses avec moi. Mes caprices il les a supportés, mes larmes il les a encaissé et les a accepté. J’étais sa fille et plus le temps passé, plus je sentais bien qu’il avait envie d’être proche de moi, qu’il voulait me protéger. Bien évidemment pour les problèmes de fille, il faisait souvent appelle à Mélisandre, la femme qui m’a accueilli chez elle pendant mes trois premières années. Je suis restée assez proche d’eux après tout, ils ont changés mes couches alors…

Plus je grandissais et plus je voulais savoir la vie de mon père. Alors il m’a raconté, il m’a tout raconté y compris sa rencontre avec ma mère. C’était la première fois en douze ans que j’entendais parler d’elle. Apparemment c’était une femme exceptionnelle, une grande brune aux yeux bleus. Je suis brune avec les yeux bleus, je lui ressemble… je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée. Elle avait beau être une femme exceptionnelle elle m’avait abandonné et ça, jamais je ne l’accepterais.

Petite aparté, revenons aux nombreuses conneries que j’ai pu faire dans ma vie. Evidemment je voulais tester mon père voir si lui aussi il finirait par se casser mais non, il a toujours tenu bon. Ca à commencé à cinq ans, quand j’ai décorée de fond en comble les murs de la maison avec de la peinture sur le nouveau papier peint. Mon père à guère apprécié. Après à treize ans, quand je suis rentrée dans la voiture du voisin avec mon vélo. Bon en même temps c’est à cause de la roue, elle a crevé quand fallait pas et j’ai basculé sur le côté et… bref, un rétro en moins ! Ensuite j’ai commencé à déconné plus sérieusement. A quinze ans ma première cigarette, je n’ai jamais arrêté depuis. Depuis mes quinze ans je fume et autant dire que ça me fait un bien fou. J’ai commencé à boire aussi, tant qu’à faire. J’étais la petite brune du quartier, mes amis garçons ( car oui, j’ai toujours eu que des copains garçons ) étaient tous le temps après moi. Je m’amusais à les chauffer et puis évidemment c’est eux qui m’ont initié à la clope. Pas la drogue non, je n’y ai jamais touché à cette saloperie. Bizarre ? Pas tant que ça.
Parmi cette bande de copain il y a Edward. Le beau Edward, blond. Il a craqué pour moi et quand nous avons eu dix neuf ans, on a couché ensemble. C’était ma première fois. Le seul garçon qui m’a touché à de A à Z. Mon père ne l’a jamais aimé, comme tous les garçons qui m’ont approché d’un peu trop prêt d’ailleurs. Mon grand papa poule, je pourrais décrocher la lune pour lui. Mais revenons à mes âges bêtes. J’ai quitté la ville il y a maintenant un mois, juste après avoir couché avec Edward en fait. Pourquoi ? Patiente, vous le serez assez vite.


♦ «Qu'il profite de chaque instant... De la moindre seconde, la vie n'attend pas... Ça il ne doit jamais l'oublier.»

Déa tu as du courrier ! De l’hôpital… De l’hôpital ? Je descendais les marches une par une, mon Coeur battant à mille à l’heure. Je m’étais inscrite à un cour de sport bien particulier et on m’avait demandé d’aller à l’hôpital passer un contrôle de santé complet. J’avais mes résultats maintenant. Je ne stressais pas, de toute manière qu’est-ce que je pouvais avoir ? Je ne mangeais pas, on pouvait bannir le diabète et le cholestérol. Je pris l’enveloppe que mon père me tendait. Je lui fis un sourire avant de remonter dans ma chambre. Je m’allongeais sur le lit, et lisais le courrier.

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Ca va aller, arrêtes de pleurer ma chérie. On va te soigner et dans quelques mois tu seras comme pied. Tu ne comprends pas Papa, je vais perdre tous le monde, tous le monde !!! Non c’est faux. Ils vont très bien accepter ton cancer, ils vont t’aimer comme ils avant. Edward sera là. Mais moi je ne l’aime pas Edward ! Je connais un bon hôpital, où j’étais avant. Je me redressais et essuyait les larmes qui coulaient. Partir de là ? Abandonner tous les gens qui me sont chers ? Après tout, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée. Je… je ne manquerais à personne et mieux valait ça que de les voir souffrir à mes côtés.

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Depuis que j’ai appris que j’avais un cancer, je ne m’attache à personne. Je ne veux pas faire endurer ma maladie aux gens autour de moi. Seul mon père est au courant pour ça et je ne compte pas le dire à qui que ce soit. Alors j’ai commencé à faire ma valise pour partir chez mon père. Et puis tant qu’à enfoncer le couteau dans la plaie, ma mère est installée à Devinston. Je n’ai pas intérêt à la croiser sinon je la fusille sur place. Rancunière ? Oh juste un peu. Il ne me restais plus qu’à dire aurevoir à une seule et unique personne.



♦ « Je n'ai pas osé te demander si j'allais te manquer. »
Ca suffit Ed’ . Je me redressais sur le lit, enveloppée dans la couette du jeune blond à mes côtés. Je poussais un soupir pour attraper mon paquet de clope. On ne fume pas à l’intérieur. Je me tournais vers lui et lui lançais l’un de mes regards les plus méchants, celui qui peut déstabiliser une personne en moins de deux. Je sais que tu veux m’empêcher de fumer mais tu n’y arriveras pas. Tu perds ton temps avec moi. Je sentis sa main parcourir mes cheveux. Edward avait été stupide de pouvoir s’attacher à moi. Moi je ne m’attache à personne, pas depuis que j’ai ce fichu cancer. Je mourais bientôt et je ne voulais pas voir les gens autour de moi souffrir. Il ne me restait plus qu’à faire mes adieux à ce jeune homme que j’ai rencontré il y avait tout juste un mois. Un mois de sexe c’était tout ce qu’il y avait entre nous deux. Du moins pour moi. Je n’ai jamais vu un amant se ramener avec un petit déjeuner au lit ou m’offrir un cadeau pour mon anniversaire. Il s’était accroché à moi, mauvaise idée. Ne dis pas ça, regardes ce qu’on vit… c’est beau non ? C’en était trop. Je poussais la couette dans laquelle j’étais avant de me lever et d’aller remettre ma robe de la veille. Ed’ je ne t’aime pas. Tu… tu es quelqu’un de formidable mais je ne t’aime pas. Alors maintenant laisses moi, oublies moi ca vaut mieux. J’ai peur de ne pas comprendre Déa… Je pars. Mon père m’a envoyé dans sa ville natale, Devinston je sais pas trop quoi. On se reverra plus, plus jamais tu m’entends ? Sans même attendre une réponse de sa part, je partis en claquant la porte. Une fois un pied dehors je pris une profonde respiration. Je sortis de son petit jardin bien tondu et prit de suite à droite pour m’enfoncer dans les ruelles de San Diego. Il faisait frai ce matin là et je sentais une larme descendre sur mon visage, glisser pour s’écraser par terre. Je m’étais attaché à Edward oui, mais je devais l’oublier. Je lui manquerais ? Sans doute. Il me manquerait aussi. Ma première fois, ma seconde et ma dernière fois. Un cancer peut briser bien des vies, il venait de briser la mienne. Dire adieu était le plus difficile dans ces moments là.